Sensibiliser
« C’est une forme de lutte contre l’indifférence », selon Alain Michel, à la fois membre de l’association et bénévole à la Croix Rouge. Il est consterné face à l’inlassable dureté de la rue et à ses lourdes conséquences. « Notre but est d’alerter les gens, leur dire que ça se passe juste à côté de chez eux. »
« Un an dans la rue, c’est l’équivalent de dix ans de vie dite normale », déclare le docteur Mannoni. Mais l’indifférence ne fait pas que des victimes chez les Sans Domicile Fixe. Les associations sont parfois amenées à procéder aux funérailles de personnes âgées, retrouvées dans leur appartement, plusieurs jours après leur décès.
En 2013, avec l’aide de leur Collectif Les Morts de la Rue, à Paris, l’association a recensé 490 personnes décédées dans les rues de l’Hexagone. Chaque année, le journal la Croix publie la liste non exhaustive, incluant aussi les personnes qui étaient sortis de la rue depuis peu. L’association des Morts Anonymes agit dans le plus grand respect des défunts et il en va de même, pour les vivants. «Nous ne voulions pas uniquement nous occuper des morts. C’est pour ça que nous avons souhaité que chacun de nos membres soit aussi actifs dans d’autres associations, pour aider les vivants des rues », confie Alain Michel.

Photo Virginie Lecable
A l’automne, un hommage annuel public est organisé pour commémorer ces personnes décédées dans la solitude, chez elle ou dans la rue. Chaque année, l’évènement se déroule dans les locaux du Samu Social, en présence de différentes associations, des autorités politiques de la ville et quelques rares fois, d’autres habitants des rues. Une journée en résonance avec le 17 octobre, journée nationale contre la Misère.
Sradhanjali Kootungal