ivre entre deux piliers dehors, devant les locaux d’un bâtiment, Gérard connaît ça depuis quatre ans. "Avant, je vivais dans un appartement du 13 ème arrondissement. Un incendie a tout détruit, j’ai tout perdu. A cette période, j’étais au chômage et je n’avais plus d’argent," explique avec pudeur Gérard.

 

Arrivé en France en 1998, l’homme raconte qu'avant il a passé vingt ans au Canada où il était employé de bureau. Comme beaucoup d’autres personnes qui vivent dans la rue Gérard est sceptique lorsqu'on commence à parler futur : "je ne vois plus d’avenir," explique-t-il calmement. L’ancien employé n’est pourtant pas tout seul, "j’ai des enfants au Canada." Une famille qu’il refuse catégoriquement de contacter malgré les conseils des agents du Samu Social qui, à chaque maraude, viennent lui donner café et gâteaux. "Je ne veux pas les appeler, qu’ils sachent. Ils sont grands maintenant et ont sûrement des enfants eux-aussi. Je ne veux pas leur causer des problèmes."

 

 

Elisa Philippot