“Le jugement me fait mal...”
mmitouflée dans son manteau, assise sur une marche en haut d’une grande rue de Marseille, Sarah*, grand-mère de 62 ans, fait la manche. “Je touche des APL et une petite retraite, mais ce n’est pas suffisant. Tous les matins je me mets ici de sept heures à midi et je mendie”.
L’univers de la rue, Sarah le connait depuis longtemps. Son passé lourd, sombre, fait d’abus sexuels, l’a coupé de toute sa famille. L’argent qu’elle récolte, "entre cinq et dix euros par jour," lui permet de manger et de rester l’après-midi dans le petit hôtel où elle réside faute de trouver un appartement abordable. "L’après-midi, en général, ce monsieur prend ma place," montre discrètement Sarah en répondant au bonjour timide d’un autre SDF qui remonte la rue, "pourtant, la première fois que je l’ai vu il m’a insulté, mais on s'est arrangé," ajoute-t-elle.
Si les injures à son encontre sont rares, la vieille femme se sent surtout blessée par les regards des passants. "Quand dans leurs yeux je vois que je ne suis rien, c’est dur. Parfois lorsque des gens me refusent une cigarette alors qu’ils ont le paquet plein dans la main, je sens les larmes qui me montent…"
*Nom d'emprunt
Elisa Philippot
E
![]() Sarah n'hésite pas à nouer le dialogue |
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![]() Malgré sa pension retraite, Sarah a besoin de l'aide du Samu Social |
![]() Un moment de soleil dans la journée de Sarah |
Photos
Virginie Lecable