Dernier Hommage
Un SDF est mort. Quand ? Comment? Pourquoi ? Personne ne peut vraiment le dire. Pour rompre avec la misère et l’indifférence, l’Association des Marseillais Solidaires des Morts Anonymes choisi de redonner leur dignité à ces hommes et femmes, morts dans la solitude, par la moindre des choses: célébrer leurs funérailles, en guise d’ultime hommage, dans un monde qui ne les a pas épargnés.
C
imetière Saint Pierre. L’un des plus grands d’Europe. Deux portes en fer forgé gardent les 63 hectares qui abritent plus de 2 550 000 âmes. Il faut 15 longues minutes de marche, pour découvrir loin de la profusion des statues et mausolées, le « carré des Indigents ». De-ci de-là, des croix de bois simplement plantées à même le sol, sur ce qui est aussi appelé la « Terre commune ».

Photo Sradhanjali Kootungal
Cet espace est dédié à toute personne n’ayant pas de concession, l’association Marseillais Solidaires des Morts Anonymes, le connait bien. Dans ce carré sont rassemblés les anonymes décédés dans la solitude. Dans ce carré là, les personnes sans attaches peuvent avoir la certitude de funérailles descentes.
Accompagner
« Lorsqu’un SDF décède, il y a d'abord systématiquement une autopsie à l’institut médico-légal de la Timone, doublée d'une enquête », explique le Père Eric Saint Sevin, président de l’Association. S’il n’est pas français, le consulat est contacté. « Mais dans les rares cas où des membres de la famille sont retrouvés, le rapatriement du corps est souvent trop cher et elles refusent parfois de prendre en charge l'enterrement », dit le prêtre avec un air désolé.
Si jamais dans l'entourage du défunt, absolument personne n’est trouvé, les pompes funèbres de la ville de Marseille sont contactées et de ce fait sont régulièrement amenés à collaborer avec Les Morts Anonymes. Lors d’un décès isolé, deux à quatre personnes de l’aociation se déplacent et organisent les funérailles dans les 48h. A l’Institut médico-légal, les bénévoles se regroupent autour du défunt le temps d'un recueillement. Le corps est accompagné au cimetière. Une rose est déposée.
« Si l’un de nous le connaissait, il prend la parole et raconte une anecdote », raconte Eric Saint Sevin, car pour les plus isolés, difficile de connaître leurs dernières volontés. La prudence et la neutralité sont donc de mises. « Souvent, après on lit un texte ou un poème. Pas spécialement religieux». Des rituels peuvent aussi être pratiqués, si le défunt a été connu comme pratiquant. La mairie fait par exemple appel aux pompes funèbres musulmanes. « Nous avons une double casquette: celle de l'entreprise mais aussi celle de l'association, parce que pour les personnes indigentes, avec l'Imam, nous pouvons intervenir à titre gracieux » confit Mohamed Khous, directeur de Solidarité Familiale de France.
Sradhanjali Kootungal