Apache en liberté
arvis de la gare Saint-Charles, un après-midi de mai, Geronimo discute avec ses amis, comme tous les autres jours de l’année. Tous les jours ou presque. Il vient juste de sortir de prison. Après trois mois aux Baumettes pour délit de fuite. "J’étais bourré," dit-il. Geronimo, c’est son surnom. "Un hommage au premier peuple exterminé par les blancs." En réalité, il s’appelle Alain. Quand on lui demande d'où il vient, il répond, sourire narquois, frondeur : "Je suis citoyen du monde, et toi ?"
Couvert de nombreux tatouages, il a même son numéro de Sécurité Sociale gravé dans le dos. Un souvenir de prison. "Parce que tu vois, on n’est que des numéros." Il raconte son histoire : une moto, une voiture, une maison, un travail dans les Vosges. Une situation. Puis, en 2008, terminé, il quitte tout, claque la porte et se retrouve à Marseille.
Que lui est-il arrivé ? D’où lui est venue cette envie de mettre les voiles, pour, au final, vivre dans la rue ? "Je suis plus heureux comme ça," rétorque-t-il. Peut-être est-ce vrai. Alors, tous les jours, il retrouve sa "bande de potes" sur le parvis de la gare Saint-Charles. Il y croise aussi les agents du Samu Social. "C’est grâce à eux que l’on vit bien," souffle-t-il, avant de nous lancer, droit dans les yeux : "Je suis un Terrien, un habitant de la terre, et j’aime la vie que je mène." Geronimo est un homme libre. Un homme qui semble heureux.
Simon Viens
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![]() Alain alias Geronimo à la gare Saint Charles |
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![]() Alain est heureux de raconter son histoire |
![]() Geronimo se sent enfin libre |
![]() Alain a délaissé son ancienne vie pour la rue |
Photos
Canele Bernard